Cet article a été publié dans Le Soleil de Québec, le 1e juin 2023 et dans Le Devoir, le 5 juin 2023
On se demande bien à quoi pensait François Legault lorsqu’il a décidé d’augmenter de 30 000$ d’un coup le salaire des députés par un vote à l’Assemblée nationale en pleine période de forte inflation faisant très mal aux contribuables québécois lorsqu’un récent sondage montre que 74% des répondants sont contre cette initiative du gouvernement.
Et pour ajouter à l’inconsistance, le gouvernement Legault est en négociation ardue avec plusieurs syndicats de la fonction publique depuis plusieurs mois, dont l’un des enjeux est justement la question salariale, en n’appliquant pas à lui-même la même frugalité qu’il entend imposer aux employés de l’État.
Cette mise à jour salariale des élus, décidée unilatéralement par les principaux intéressés (surtout le parti majoritaire en chambre) creuse encore plus l’écart de revenu du député avec celui du salarié moyen québécois (131 766$ vs 55 706$) et se cumule dans la perception populaire aux récentes baisses d’impôts octroyées favorisant selon plusieurs économistes les paliers d’imposition supérieurs – ce qui conforte encore plus les électeurs dans leur idée que nos gouvernants sont déconnectés de leur base, ne travaillent que dans leur propre intérêt et ne comprennent pas leurs préoccupations.
Finalement, cette décision entretient davantage le cynisme des électeurs envers la classe politique tout en produisant un effet contraire à celui qui est recherché par cette bonification salariale des élus, c’est-à-dire attirer des candidats de qualité pour rehausser positivement la perception des politiciens auprès des électeurs…
Photo de Enrique Hoyos: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/les-gens-par-une-fontaine-dans-le-parc-avec-une-allee-entouree-d-arbres-et-de-fleurs-avec-devant-un-immeuble-avec-une-tour-2887577/